À l’origine mise en place en 2014 et entrée en vigueur le 1er janvier de la même année, l’étiquette énergie se trouve sur de nombreux appareils électroménagers. Les aspirateurs en font également partie en principe.
En principe, car en 2017 une nouvelle réglementation plus sévère vient sur le marché et surtout parce qu’en 2019, le fabricant Dyson vient chambouler l’ensemble du fonctionnement de cette fameuse étiquette énergie.
En quoi Dyson change les règles du jeu ? Tout simplement en faisant annuler l’étiquette énergie parce que celle-ci ne reflète pas de façon exacte les performances et la consommation des appareils dans des conditions d’utilisation réelles. Bref, voyons un peu plus en détail de quoi il s’agit.
Qu’est-ce que l’étiquette énergie ?
Entrée en vigueur en 2014, l’étiquette énergie permet de connaître les différentes données liées à un appareil électroménager. En l’occurrence nous allons parler des aspirateurs. Celle-ci a évoluée une première fois en 2017 pour que les performances minimales des appareils soient meilleures. En soit, l’appareil le moins performant de 2017 devait être plus performant que le moins performant des appareils vendu en 2014.
Pour autant, les objectifs de l’étiquette énergie n’ont pas changé. Il s’agissait toujours encore de donner un rendu global de l’aspirateur et de garantir les mêmes objectifs, à savoir :
- publier les informations concernant la consommation énergétique et l’efficacité de nettoyage réelle des aspirateurs ;
- respecter une efficacité de nettoyage minimale pour une consommation d’énergie maîtrisée.
À part quelques notation qui ont pu changer et une révision des performances énergétiques minimales, les deux étiquettes restent semblables et sont toutes les deux compréhensibles de la même manière.
À savoir : si vous désirez en savoir davantage sur les réglementation de la Commission Européenne, voici les deux liens des règlements (règlement UE n°665/2013 & règlement n°666/2013).
Tandis que l’apparence et la construction des étiquettes restent les mêmes, plusieurs facteurs changent ou viennent à s’ajouter. Voici une liste de tous les changements apportés par les nouveautées intégrées en 2017 :
Critères de notation | Modèle 2014 | Modèle 2017 |
Notation de l’aspirateur | ||
Classe énergétique | Comprise entre A et G | Comprise entre A+++ et D |
Performances générales de l’aspirateur | ||
Puissance max | 1600 W | 900 W |
Consommation max | 62 kWh | 42 kWh |
Efficacité sur sol dur | > 95% | > 98% |
Efficacité sur tapis | > 70% | > 75% |
Émission de poussières | – | < 1% |
Niveau sonore max | – | 80 dB(A) |
Durée de vie moteur | – | Minimum 500 h |
À savoir : certains appareils ne sont pas soumis à l’étiquette énergie comme par exemple les aspirateurs robots, les cireuses, les aspirateurs portables ou les aspirateurs de matelas. Mais il arrive souvent qu’un fabrique ajoute tout de même une étiquette énergie à son produit.
Qu’est-ce qui est garanti par l’étiquette énergie ?
Toujours dans le même objectif de garantir une consommation énergétique moindre et de meilleures performances des aspirateurs, en prenant en compte la réglementation de 2017, voici les nouvelles normes en vigueurs et les seuils à ne pas dépasser :
- La puissance électrique de l’appareil ne doit pas dépasser 900 W. De ce fait, toutes les notes inférieures à D ont été supprimées.
- La consommation maximale (annuelle) ne doit pas être supérieure à 42 kWh/an. En prenant en compte comme référence une utilisation de l’aspirateur de 1h/semaine pour un logement de 87 m². Ce résultat dépend de la puissance électrique de l’appareil et prend donc ce facteur en compte.
- L’efficacité sur sol dur prend en compte cinq allers et retours sur un parquet avec fentes. Passer de 95% à 98% revient à supprimer toutes les notes inférieures à F.
- L’efficacité sur tapis prend en compte cinq allers et retours sur un tapis. Passer de 70% à 75% revient à supprimer les notes inférieures à F.
- La quantité de poussière émise doit être inférieure à 1%. Il s’agit d’une nouvelle donnée venant s’ajouter sur l’étiquette énergie.
- Le niveau sonore maximale doit être inférieur ou égal à 80 dB(A). Il s’agit également d’une nouvelle donnée ajoutée sur l’étiquette énergie.
- La durée de vie minimale du moteur doit être au moins égale à 500 h et pour toutes les parties flexibles elles doivent tenir un minimum de 40 000 oscillations.
Nous venons de parler des différents points qui constituent l’étiquette énergétique des aspirateurs, voyons maintenant comment lire et déchiffrer les informations inscrites dessus.
Comment lire une étiquette énergétique pour aspirateur ?
Cette nomenclature suit des règles bien précises et il peut arriver qu’il soit difficile de déchiffrer les informations inscrites sur les étiquettes énergie. Voici comment s’y prendre :
- Le nom de la société qui a fabriqué l’aspirateur ou encore qui l’a mis sur le marché.
- Le nom du modèle d’aspirateur.
- La notation énergétique globale de l’appareil (A+++ étant le plus efficace et D le moins efficace).
- Le nombre de kWh consommé par l’aspirateur par an.
- Le taux d’émission de poussière produit par l’aspirateur (en sachant qu’il doit être compris entre 0% et 1%). Généralement les appareils équipés de filtres HEPA sont mieux notés.
- Efficacité d’aspiration sur tapis.
- Efficacité d’aspiration sur sols durs.
- Volume sonore maximal de l’aspirateur.
- Numéro du règlement européen.
Il faut savoir que la note globale décernée à chaque aspirateur (comprise entre A+++ et D) prend en compte à la fois la puissance maximale de l’appareil et de l’efficacité avec laquelle il transforme cette poussière pour aspirer les sols.
Qu’est-il arrivé à l’étiquette énergie des aspirateurs en 2019 ?
En 2019, le fabricant d’aspirateur Dyson a réussi a faire annuler le règlement sur l’étiquetage énergétique des aspirateurs. Pourquoi ? Tout simplement parce que les tests qui notent les aspirateurs de A+++ à D ne reflètent pas les conditions réelles d’utilisation.
Si Dyson a décidé de ne plus afficher l’étiquette énergie sur ses appareils en vente, il n’en est pas de même pour les autres fabricants. En effet, beaucoup d’entres eux continuent d’afficher ces informations sur leurs aspirateurs. Alors ? Qu’en est-il réellement ?
Pourquoi l’étiquetage énergétique a été annulée ?
Ces dernières années ont vu passer de nombreux scandales en matière de normes officielles à propos de la consommation énergétique. On pourrait par exemple citer le Dieselgate qui a complètement ébranlé l’industrie automobile allemande et qui a montré de nombreuses failles dans le système de calcul qui sert aux normes.
En 2015, le fabricant mondialement connu d’aspirateurs Dyson a saisi le tribunal. Il expliquait que “pour représenter l’utilisation effective d’un produit par le consommateur, les performances devaient être testées dans des conditions réelles – avec de la poussière”.
Lors de la tenue du procès, le tribunal a débouté le fabricant en affirmant que les tests réalisés lorsque le réservoir était rempli n’étaient ni fiables ni reproductibles. À cela, le fabricant Dyson a fait appel devant la Cour de Justice Européenne en affirmant qu’un protocole de test de ce type a été créé par la Commission Électrotechnique Internationale (une organisation de normalisation).
La Cour de Justice Européenne a donnée raison a Dyson et renvoyé l’affaire devant le tribunal de l’Union Européenne pour révision. Lors du second jugement, le tribunal a noté que que la directive européenne ayant accouché de l’étiquette énergie prévoit de donner une information au consommateur sur les données pendant l’utilisation et donc avec un réservoir rempli. Dans ces conditions, le tribunal a estimé que la Commission a “méconnu un élément essentiel de la directive” et a donc décidé d’annuler le règlement sur l’étiquette énergie.
Le fabricant Dyson s’est grandement félicité de cette victoire car selon lui, les tests effectués pour l’étiquetage énergétique ne profitait pas à leur technologie d’aspiration cyclonique. Par contre elle profitait beaucoup plus à d’autres méthodes d’aspirations, notamment à certains fabricants allemands, qui, d’après les dires de Dyson, auraient fait du lobbying auprès des hauts fonctionnaires de la Commission Européenne et en auraient profités commercialement par la suite.
Donc, encore une fois selon la marque, si l’affaire a été portée en justice, ce n’est pas uniquement pour protéger le consommateur, mais parce que la technologie cyclonique Dyson évite la perte d’aspiration que connaissent d’autres types d’aspirateurs. Donc l’étiquetage orienterait le consommateur vers “les mauvais produits”.
Que penser de l’étiquette énergie au final ?
Après tout cela on peut tout de même se demander à quoi sert l’étiquette énergie ? De plus, beaucoup de fabricants continuent de l’ajouter sur leurs produits. Peut-être que le nombre de vendeurs à le faire va diminuer, mais pour l’instant, à part Dyson, l’ensemble des fabricants continuent d’ajouter cette étiquette énergie à leurs aspirateurs.
Pour l’instant nul ne sait ce qui va advenir de cette fameuse étiquette énergie. La Commission devrait réviser le protocole et intervenir entre 2021 et 2025. Jusqu’à là, on ne peut qu’attendre.
Bien que les fabricants continuent d’inscrire cette étiquette énergie à tout va, on peut également se poser des questions sur les autres types d’étiquettes énergie : réfrigérateurs, lave-linge, etc. et d’extrapoler à l’ensemble des appareils électroménagers.
Nos tests en interne prouvent souvent à quel point les données inscrites sur l’étiquetage et les valeurs réelles varient. On peut donc légitimement se poser des questions sur le manque de pertinence des normes officielles quand nos résultats sont pour la plupart du temps bien loin de la réalité.